LES RIVERAINS DE LA BUTTE-AUX-CAILLES

Aimer son quartier et protéger son cadre de vie

 

 

Les Riverains de la Butte aux cailles

Monsieur Jérôme COUMET

Maire du 13è arrondissement de Paris

1, Place d’Italie

75013 PARIS

                                                                                                                       Paris, le 22 mai 2013

Objet : Dénonciation de signature de la charte de la vie nocturne de la Butte aux Cailles

Envoi par Recommandé A/R par précaution

 

Monsieur le Maire,

 

En ma qualité de présidente de l’association « Les Riverains de la Butte aux Cailles », j’ai l’honneur de vous notifier la dénonciation par celle-ci de sa signature de la charte de la vie nocturne de la Butte aux Cailles du 2 juillet 2012.

 

Cette décision a fait l’objet d’un vote de notre assemblée générale. Elle est motivée par le fait que nous, victimes des nuisances que la charte devait endiguer, constatons la carence de la municipalité et des établissements dans la mise en œuvre de leurs engagements ainsi que l’absence totale d’amélioration concernant les nuisances subies par les riverains, tout au contraire.

 

Le tableau de comparaison entre le dispositif de la charte et les faits  joint à la présente illustre pleinement notre constat. On peut ici spécialement souligner les points suivants :

 

Un seul comité de suivi a été réuni le 15 octobre. Il a été convoqué dans la précipitation,    alors que nous le demandions depuis le mois d’août, sans ordre du jour précis et sans qu’aucun compte-rendu n’en soit ensuite établi par la mairie.

 

Lors de cet unique comité tenu en présence de M. J. Coumet et M. S. Blisko :

 La municipalité n’a pas su préciser quels établissements étaient signataires de la charte ni quel était l’avancement des dossiers d’autorisation de terrasse.

Vous avez, Monsieur le Maire, introduit cette réunion et l’avez conclue en demandant à chacun de réfléchir aux modalités d’un « amendement » de l’arrêté préfectoral du 30 avril 2011, que vous avez confirmé être pour vous un objectif essentiel.

Vous avez indiqué que vous considériez que l’été avait été serein en vous basant d’une part sur vos propres constatations lors de passages en voiture à quelques occasions et d’autre part sur l’absence de constatations contraires du Commissariat qui lui-même se basait sur l’absence d’appels en nombre des riverains.

 

Vous avez éludé le fait que Monsieur Dumas, votre directeur de cabinet, avait reçu de nombreuses plaintes de notre association qui, comme nous vous l’avons expliqué, avait décidé de jouer pleinement l’optique de la régulation en se tournant vers la municipalité plutôt que la police.

Tout en mettant en doute l’existence des nuisances, vous avez persévéré dans l’abandon du projet de mesurage Bruitparif auquel l’association des commerçants est hostile tant il est vrai que ce mesurage démontrerait que les émergences sonores sont au-delà des normes, comme dans le quartier Jean-Pierre Timbaud.

Vous avez refusé que nous travaillions à l’avenir à l’aide du tableau de suivi que nous avions élaboré et proposé à une discussion contradictoire pour prendre la mesure de l’effet de la charte sur la réalité.

Quand les représentants des commerçants ont indiqué qu’ils se refusaient à intervenir auprès de leur clientèle pour demander que les tapages sur la voie publique cessent, vous ne leur avez rien opposé concernant la conception très lacunaire des obligations professionnelles que ce discours sous-tendait.

Quand le président de l’association des commerces a dit qu’il se refusait à intervenir auprès de ses collègues signataires de la charte en cas de manquements à leurs engagements, vous ne lui avez rien objecté concernant la contradiction que ce discours révèle par rapport à l’esprit de la charte.

Le seul point sur lequel le comité a constaté une application des engagements de la charte a consisté dans la production d’une affichette destinée à être posée dans les bars, procédé d’incitation au respect du voisinage dont on sait cependant bien qu’il n’a aucun effet s’il intervient isolément.

 

Après cet unique comité de suivi :

Nous sommes revenus vers Monsieur Dumas pour obtenir les informations qui nous manquaient, mais ne les avons jamais eues.

La seule information qui nous soit parvenue a été celle d’une interprétation  municipale ubuesque de la charte, selon laquelle tout établissement déclaré « restaurant » n’aurait pas à se plier à la fermeture de terrasse à 22 H, même dans le cas où il pratiquerait aussi l’activité de « bar ».

Finalement, la municipalité s’est totalement abstenue de répondre à nos courriers.

Très récemment, l’établissement « La Taverne de la Butte aux Cailles » a obtenu une autorisation de terrasse. Or, vous n’avez, Monsieur le Maire, manifesté aucun soutien à notre association pour l’empêcher. Ce alors même d’une part que cet établissement a de nouveau été verbalisé en 2013 pour son activité de diffusion de musique amplifiée alors qu’il a déjà été condamné deux fois pénalement à ce propos. Ce alors même d’autre part que cet établissement a pendant plusieurs mois exploité illégalement ladite terrasse, d’abord sans autorisation au le lendemain de la signature de la charte en fonction d’une « tolérance » dont vous nous avez fait part, ensuite malgré le refus que la Direction de l’Urbanisme lui avait finalement opposé en novembre 2012. Ce qui montre, comme en ce qui concerne le projet Bruitparif avorté, que plus « on » résiste à l’autorité, plus finalement « on » finit par en imposer.

Plus généralement, malgré le mauvais temps, la Butte aux Cailles est vraiment bruyante. Elle l’a été tout l’hiver et à chaque percée du beau temps, c’est une nouvelle explosion des nuisances. Dans un tel climat, l’application de l’arrêté souffre de multiples atteintes.

 

L’attitude municipale dont nous avons l’immense regret d’avoir à faire le constat est révélatrice de la très faible considération dans laquelle, une fois passée l’étape de la signature de la charte par l’association qui représente ces victimes  et acquise la communication sur l’ « évènement », nos élus tiennent les riverains victimes des nuisances.

 

Mais sachez, Monsieur le Maire, qu’une charte qui reste lettre morte en pratique n’est pas un succès. C’est un échec et un échec en l’occurrence cuisant. C’est l’échec démontré par les faits, autrement dit le réel par rapport auquel les visions et prévisions municipales paraissent totalement déconnectées. Et l’on peut imputer cet échec à l’absence de sérieux de la gestion du projet.

 

Ce qui se passe à la Butte aux Cailles, terrain d’expérimentation des états généraux de la nuit », discrédite la dynamique vertueuse de la régulation, dynamique dont vous aviez fini par nous convaincre au printemps dernier où vous nous aviez ouvert la porte de votre bureau après plusieurs années de l’éloignement auquel vous nous aviez contraint.

 

Tout ceci est d’autant plus grave que la vie nocturne de la Butte aux Cailles ne met pas seulement en péril la santé des riverains. Elle met aussi en cause la santé de ceux qui s’y alcoolisent déraisonnablement et, par delà, elle participe de la dégradation du tissu social par le mépris des normes minimales du « vivre ensemble », qui est sacrifié à l’économie « festive » à laquelle vous accordez manifestement la priorité.

 

Dès lors et pour conclure, sachez, Monsieur le Maire, que s’il apparaissait à l’avenir qu’un changement de cap soit pris dans les actions de votre municipalité, nous pourrions envisager de revoir notre position. Mais il ne pourrait s’agir que d’actions significatives, cohérentes et clairement visibles.

 

A cet égard, je vous prie de noter que les interventions des Pierrots de la Nuit, aussi admirables qu’elles soient sur un plan strictement artistique, n’ont jusqu4à présent rien apporté de positif en termes de médiation (ce n’est pas leur autoévaluation qui pourrait démontrer le contraire). Nous demandons que notre quartier ne soit plus la cible de cette forme d’animation supplémentaire et demandons aussi formellement que l’effort budgétaire de la Ville soit orienté vers le recours à des Correspondants de nuit,  tant il est vrai que les ISVP qui les avaient précédés il y a plusieurs années avaient démontré amplement l’efficacité de ce type de médiation pour les problèmes qui sont les nôtres.

 

Je vous prie de recevoir, Monsieur le Maire, l’expression de mes salutations les plus distinguées.

                         

                                                    La Présidente

 

Copie à : M. Ph. DUCLOUX, Maire Adjoint à la Ville de Paris, M. N. LERNER, Directeur de cabinet du Préfet de police de Paris, M. S. QUILICHINI, Commissaire divisionnaire de Paris 13è ; M. S. BLISKO, Adjoint au commerce du 13è.

Nos actions auprès de la Mairie du XIIIème (suite):