Rectangle à coins arrondis:

LES RIVERAINS DE LA BUTTE-AUX-CAILLES

Aimer son quartier et protéger son cadre de vie

 

 

Nos actions auprès de la Mairie du XIIIème (suite):

Réunions du comité de suivi de la charte de la Butte-aux-Cailles:Les « méduses » débarquent à la Butte aux Cailles : Historique

 

Aussi notoires soient elles, les nuisances sonores liées à l’ouverture des nombreux établissements qui vendent de l’alcool dans notre quartier jusqu’à 02H du matin, ne sautent pas à l’oreille et par cette voie naturelle à l’esprit de tous.

 

A l’aube de l’installation d’un dispositif permettant de mesurer objectivement les nuisances sonores, il n’est pas inintéressant de brosser le contexte qui a généré ce dispositif en plus de l’expliquer en précisant ce que l’on en attend et, d’après des informations obtenues mi-juin, alerter sur le risque d’un appauvrissement par rapport au potentiel contre l’intérêt des habitants du quartier victimes des nuisances.

 

1.   – Diversité des postures face aux nuisances 

Les différentes parties prenantes à la vie de notre quartier entrent en conflit d’intérêts à propos de la vie nocturne de ce dernier et les autorités publiques y ont diversement réagi avant de décider un mesurage par Bruitparif.

 

Les exploitants des bars et restaurants ayant une part de responsabilité :

Notre association a pris soin de clairement déterminer les bars ou restaurants-bars dont les pratiques favorisent le trouble à la tranquillité publique. Leurs exploitants n’ont jamais voulu admettre l’existence d’un problème grave et ils l’ont confirmé lors du comité de suivi de la charte de quartier du 17 juin 2019 en osant dire que le quartier est « très calme ». Ils considèrent que les riverains qui s’en plaignent sont de tristes bonnets de nuit, incapables d’adaptation aux nouveaux usages de la rue qui, selon eux,  doivent tout naturellement être admis, ce qui leur permet d’augmenter leur chiffre d’affaire et, pour 12 d’entre eux, de le faire en vendant l’alcool dans des gobelets plastiques, la rue leur servant de terrasse illimitée (et gratuite !).

 

Certains habitants du  quartier partagent le point de vue des commerçants. Si l’on parvient à discuter avec eux, il apparaît généralement qu’ils n’habitent pas vraiment à proximité des bars ou que, dans le cas contraire, leur appartement leur permet de ne pas dormir côté rue. Leurs arguments sont parfois surprenants, tel celui énoncé lors de notre réunion de comité de suivi de la charte du 17 juin où l’un de ces habitants s’est exclamé : « et comment ferait-on pour empêcher les gens d’hurler dans la rue ? ». Ou encore lorsque la même personne a énoncé que si nous entendons le bruit des gens sur la voie publique, c’est que nous avons la chance de ne pas avoir trop de bruit routier, comme si il fallait vivre soit avec la peste, soit avec le choléra, mais jamais sans risquer de mal vivre. Il est vrai que ces habitants n’acceptent jamais nos arguments sur les risques pour la santé de ceux qui sont réveillés par les nuisances, ni sur l’entrainement à l’alcoolisation que constituent les nuits de la Butte aux Cailles et font même auprès d’un certain public sa triste réputation.

 

►Beaucoup de ceux qui viennent consommer dans le quartier sans y habiter ont le même raisonnement que les habitants du quartier sus-décrits.  Il n’est cependant pas rare que ces usagers non habitants reconnaissent que ce doit être un enfer de vivre là et qu’ils se garderaient bien de le faire. 

 

Une importante partie des habitants de notre quartier soutient, elle, l’action de notre association, qui vise à faire prendre conscience de l’anormalité de la situation que constitue, hors cadre des terrasses autorisées par la Ville, l’accaparation de la voie publique pour y consommer de l’alcool, ce qui génère beaucoup d’agitation, un usage piéton sur les trottoirs perturbé, un bruit auquel les double-vitrages de nos domiciles ne font plus rempart, de la malpropreté en raison notamment des déjections des usagers qui boivent dans la rue. Plusieurs copropriétés ont adhéré ces dernières années.

 

Les autorités publiques (mairie et Préfecture de police) ont une nette tendance à ignorer les plaintes des habitants victimes des excès des quartiers si mal nommés « festifs ». Leur bouclier préféré est la protection du développement économique. C’est le leitmotiv qui ponctue leurs discours, qui passent sous un silence coupable les rapports scientifiques qui se succèdent d’une part sur le coût économique et social de l’alcoolisation qui resurgit depuis une vingtaine d’années et d’autre part sur les risques liés aux mauvaises conditions du sommeil.

 

2.   – Évolution de l’ action publique 

→ L’étape 1996 : La mairie a fait intervenir des agents municipaux  spécialisés, les ISSEP, qui ont préfiguré la DPSP.  À une époque où le business de la consommation d’alcool dans la rue hors de l’emprise des terrasses autorisées n’existait pourtant pas encore, ils faisaient des tournées dans le quartier tous les soirs jusqu’à 03H du matin (donc après la fermeture légale des établissements), ce qui avait un effet dissuasif des tapages. Ils  intervenaient auprès des fauteurs de trouble si nécessaire et demandaient, le cas échéant,  le renfort de la police. Laquelle intervenait.  C’était très efficace.

Ce dispositif a cessé au début du changement de majorité municipale  sans que nous n’ayons jamais compris la raison qui animait le maire de Paris de l’époque. Les nuisances ont repris une courbe ascendante.

La situation est devenue encore plus critique à partir de l’été 2009 : la loi Santé a renversé le principe sur la vente à emporter d’alcool : elle l’a libéralisée et il faut un arrêté préfectoral spécifique pour l’interdire à certaines zones et horaires sur le fondement de risques à l’ordre ou la tranquillité publique.

 

→ L’étape 2011 : Après avoir été sollicitées depuis les autorités publiques ont réagi en 2011, comme l’a montré un arrêté d’interdiction de la vente d’alcool à emporter et de la consommation d’alcool sur la voie publique (cf. paragraphe précédent in fine). Mais cet arrêté a été attaqué par quelques-uns et,  de façon pour le moins surprenante, la Cour administrative d’appel de Paris  l’a annulé après que le recours ait été rejeté par le tribunal administratif de Paris, sans que la Préfecture de police ne se pourvoie en cassation devant le Conseil d’Etat.

Les nuisances ont alors de nouveau repris une courbe ascendante.

La charte sur la vie nocturne du quartier de la Butte aux Cailles signée l’été 2011 sous l’égide de la mairie d’arrondissement s’est révélée être une pure opération de communication par la mairie qui semblait n’avoir plus aucun pouvoir sur les exploitants, la police ayant de son côté clairement restreint ses objectifs à la protection contre la violence et les atteintes aux biens.

 

→ L’étape 2019 : Notre association n’a cessé de solliciter les autorités publiques pour obtenir de nouvelles actions. Il y a eu quelques résultats : suppression d’une autorisation de terrasse parmi celles qui sont exploitées sans respect du voisinage,  quelques fermetures administratives d’un petit nombre d’établissements parmi ceux qui sont exploités avec des irrégularités. Mais juste un saupoudrage et rien qui soit de nature à obliger les exploitants qui le devraient à modifier leurs modes d’exploitation (v. pour 2017, 2018). Ce n’est pas pour rien que le conseil de Paris a voté un vœu demandant de remédier aux problèmes.

 

LRDBAC fait partie de l’association Réseau Vivre Paris !, qui réunit de nombreuses associations visant à la protection du repos des parisiens à leur domicile et à la protection de la circulation piétonne. Notre association a donc aussi participé  aux nombreuses actions de sollicitation de la Ville de Paris et contribution au conseil de la nuit (ex comité de suivi des Etats généraux de la nuit créés par M Delanoë en 2010).

Près de dix ans après, à la veille des prochaines municipales, la Ville se décide enfin à faire un pas en faveur des riverains victimes : les méduses créées par Bruitparif seront implantées dans certains quartiers.

 

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